Chronique EP "Exilé" de Teiva Hunter

Teiva Hunter est de part son prénom un prince des îles(mais il signifie aussi tempête), et avant tout un enfant du monde , né en métropole , une enfance entre Réunion et Polynésie où se trouvent ses origines et installé actuellement en Haute-Savoie après des études en Irlande et en Écosse.

C'est dès l'âge de 6 ans qu'il s'initie au piano et au chant. Plus tard, de retour dans l'océan pacifique il apprend la guitare avec un professeur de musique tahitienne et compose ses premières mélodies. Au cours de ses études il se lance dans des covers sur YouTube avec un certain succès puisque il est remarqué par son manager.

Auteur compositeur interprète il réalise, arrange et mixe aussi son tout premier EP "Exilé " que nous allons vous présenter.

Aujourd'hui nous avons envie de vous faire découvrir un Artiste aux multiples couleurs, Teiva Hunter qui nous l'espérons vous fera danser et voyager.

Avec cet EP de 5 titres nous avons bien voyagé au rythme des différentes sonorités livrées par Teiva avec des textes très intimes sur des musiques modernes, sensorielles et palpitantes.

Chaque chanson nous dévoilera ce que nous imaginons un pan de vie qu'il égrène petit à petit, des sources d'émotions tout en pudeur, en retenue mais avec la désinvolture du jeune adulte qu'il est.

Et nous avons aimé cet EP qui a bousculé toutes nos convenances.

L' EP débute par un titre très actuel "Danser" qui met à mal l'année 2020 qui vient de s'écouler où Teiva danse et chante à n'en plus finir. ( 1 clip est sorti récemment, lien sous la chronique)

Le refrain reste en tête, nous chantons avec lui et puis nous dansons aussi, oui nous dansons parce que cette chanson fait du bien, et nous avions besoin de ça...

Un titre où nous entendons le désarroi de ce jeune homme qui ne sait plus d'où il vient, où il habite, où il va, comme un cri d'amour pour sa Polynésie, que nous mettons en corrélation avec cette année 2020 où nous avons vécu des choses tellement désarçonnantes que nous ne savions plus non plus où nous habitions, où nous allions, perte de repères totale... comme un cri d'amour pour notre vie d'avant c'est comme cela qu'on perçoit cette chanson, mais quoi qu'il en soit même s'il reprend l'avion pour rejoindre son île nous lui demandons de continuer d'écrire des chansons.

Et ce que nous relevons dans cette chanson c'est la musique de toutes les couleurs qui nous envoie dans un bel endroit solaire où l'optimisme, la joie et l'allégresse sont de mise.

De quoi avancer doucement dans cet EP avec la conviction que nous ne serons pas déçues.

Avec cette seconde chanson titre éponyme de l'EP "Éxilé" Teiva nous conte avec beaucoup de sincérité et d'émotion son exil en métropole, "On me disait les gens d'ici n'aiment pas la différence " nous percevons la souffrance que peut engendrer un tel changement de situation, les exils ne sont en effet que rarement volontaires et le terme est très violent, en faire une chanson, aussi belle que celle-ci a dû servir d'exutoire à Teiva qui indéniablement regrette son île, mais qui apprendra à vivre ici avec ses souvenirs, ses regrets, ses nouveaux repères.

Avec une musique absolument magnifique contrastant avec le texte puisque c'est une musique polynésienne, le texte est puissant aussi fort que les hakas Maoris que nous percevons tout au long de la chanson, nous apprécions ce contraste permanent entre texte, voix et musique.

Avec "Mahana" douce chanson mélodieuse nous nous laissons tout simplement emporter par cette ballade amoureuse où se glissent astucieusement quelques mots en Reo Maohi tels que "Māohe" ou "atavai" qui sont des termes anciens utilisés dans les contes et légendes tahitiennes qui signifient " beau/belle, élégant (e), joli(e)", ou encore "Here" qui signifie " Amour, chéri" ou bien encore cette phrase qu'assurément chacun de nous aimerait entendre une fois au moins dans sa vie :

" i te ao mai te pō atoà ò òe tōù mahana "

ce qui veut dire " de jour comme de nuit , tu es mon soleil ".

Nous écoutons chaque note, nous buvons chacune de ses paroles en fermant les yeux... en visant le ciel avec lui, et nous nous disons juste tout simplement...c'est beau !

Avec "Derrière moi" nous devinons un sujet sensible et plus que jamais d'actualité le harcèlement scolaire, le texte est fort et les sonorités appuient avec brio l'intensité du texte, le message passe plutôt très bien. La résilience dont fait preuve l'auteur force notre respect. (Un clip a d'ailleurs été tourné sur cette chanson (lien en bas de la chronique))

Avec "Pour que personne" nous lisons une remise en question de l'auteur, un ras le bol général, une remise à zéro. Accompagné au piano pour une chanson douce en apparence là encore les mots s'opposent à la musique d'une manière ingénieuse, comme à chaque fois.

Il n'a plus qu'une envie partir "voyager dans la galaxie" ,disparaitre, ne plus donner de nouvelles "on arrête tout, on arrête tout, c'est peut être ça la liberté"

Si nous poussons même un peu plus loin nous pouvons facilement imaginer qu'il aimerait repartir dans ses îles lointaines à l'autre bout du monde "pour que personne ne "le" voit" et comme nous le comprenons.

Cette chanson conclue l'EP complètement en opposition à la toute première chanson sur le rythme donné, cependant nous y retrouvons encore et toujours cette envie de s'évader à nouveau, cette volonté de repartir là bas, là bas où la vie est très certainement plus jolie, là bas où se trouve sa vie...

Nous avons ressenti ce premier EP comme un immense cri de l'auteur, un cri d'Amour pour les îles où il a vécu, un cri de désespoir et de déchirement lorsqu'il a dû les quitter, un cri d'espoir, un cri de passion, un cri d'oppression, un cri de servitude, un cri d'annihilation, un cri d'anéantissement, un cri de conviction, un cri d'attente, un cri dissonant, un cri harmonieux, un cri de rêve, un cri d'soleil, un cri d'lune.

Il nous a beaucoup touché au travers de ses textes tous emplis d'une sincérité et d'une authenticité qui ne ne sont pas feintes.

Pour conclure c'est avec plaisir que nous avons ouvert nos cœurs à un album très intime, qui nous a enveloppé dans un état second incandescent et finalement très lumineux.

Teiva semble être un Artiste qui ne triche pas, qui nous livre très sincèrement et très humblement un premier opus à son image où il mêle très justement des envolées musicales enivrantes qui avivent des textes déjà très puissants et parfois sombres, il nous raconte des histoires avec un enthousiasme qui nous fait plaisir à entendre sans ne jamais oublier ses racines, en espérant retrouver un jour ses repères perdus par le passé.

mauruuru roa Teiva !

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Pour suivre Teiva Hunter ça se passe par là