Chronique album "Mâle Alpha" de Monsieur A

Monsieur A , de son vrai non Arnold Pellegrini, auteur-compositeur-interprète, est un artiste atypique, comme sa voix. Enfant de la balle issu d'une famille italienne de musiciens, amoureux des arts et des lettres, il aime à brouiller les pistes.

Il débute la scène à 14 ans et ne la quitte plus. Il sort en 2016 un premier opus (Démodé) sous le pseudonyme de Monsieur A .

Le 15 février de cette année est sorti son deuxième album « Mâle Alpha » via le label indépendant M.A. Musique.

L'album se décline en 12 titres avec pas moins de 4 « duos »(Canone,Clara Carmen Garcia,les z'enchanteuses, Angie Cottermo) et de multiples collaborations pour la musique.

La première chose que l'on remarque à l'écoute de cet album est la diversité des ambiances musicales. La palette est très large, allant d'une inspiration urbaine et électro, aux ambiances jazz que Monsieur A affectionne particulièrement, en passant par des sonorités latino et un final au piano très doux... les collaborations étant nombreuses c'est sans surprise que l'on retrouve de multiples influences dans la créations des titres. Monsieur A est hétéroclite dans ses inspirations, son univers de prédilection initial étant un jazz américain qu'il essaie d'adapter à la culture francophone.

Le tout donne un ensemble détonnant qui pourrait sembler peu cohérent mais on se laisse porter d'univers en univers tant le tout parle à nos cœurs.

L'unicité de l'album arrive sans aucun doute avec le thème général donné par l'artiste.

Un thème que l'on va retrouver dans le titre qui en en dit long et qui annonce de nombreuses promesses pour cet album dont nous allons vous parler aujourd’hui.

Si nous nous en tenons à la définition pure de mâle alpha il s’agit d’hommes qui disent aux autres ce qu’ils doivent faire, ce sont des personnes rayonnantes et respectées par nous autres les béta, les exécutants.

Mais à en croire les 12 titres de cet album ce titre est un sacré pied de nez, car en effet ce qui nous saute aux oreilles dès la première écoute c’est que cet album est un hymne à la femme, à la femme en tant que telle, en tant qu’entité.

Monsieur A au travers de ses titres glorifie la femme sans jamais s’excuser « d’être séducteur et de les aimer ».

En effet tout au long de l’album Monsieur A s’adresse aux femmes avec adulation, et il incarne différentes facettes de la personnalité d’un homme dans toute sa splendeur, avec ses qualités, ses défauts, ses failles, ses envies, ses codes à lui, une bien large palette de masculinité !

Au fil des chansons il incarne par exemple le séducteur, le beau parleur avec le titre « Le A » ou « 68 »

ou bien encore l’homme blessé avec le titre aux airs latinos « Muchacha » (en duo avec Clara Carmen Garcia) ou bien encore avec « CTPM »

Il est même capable de se moquer de ses propres travers avec le titre « Di Meco » (en duo avec Canone) qui parle d’un mec qui aime regarder le foot à la télé mais pas que, qui peut se corréler aussi à sa propre vie « il doit mieux faire ».

Avec le très beau titre « Finterlude » c’est un homme sensible et fragile que nous retrouvons, tous les apparats sont enlevés, l’homme apparait à nu face à son piano, et c’est vraiment très très beau.

Et si certains peuvent penser cet album très masculin et très narcissique au contraire nous l’avons pris à contrepied, nous l’avons écouté comme si il nous était adressé, il nous était adressé…assurément !

Monsieur A passe de nombreux messages au travers de ce bel album et nous avons envie de revenir notamment sur la chanson « Mi-Tout » la moitié d’un tout, chanson qui nous renvoie tout d’abord au mythe d’Aristophane, qui selon la légende disait que jadis l’homme et la femme ne formaient qu’un être unique Androgyne, une seule tête mais 2 visages identiques, 4 mains, 4 oreilles, 4 jambes….Mais cette espèces hermaphrodite était tellement forte qu’elle s'attaquait aux Dieux, Zeus décida donc un jour de les couper en deux, ainsi naquirent l’homme et la femme, deux entités bien distinctes.

Ici Monsieur A nous assure qu’il est notre moitié de tout, l’être coupé en deux qui sans sa moitié n’est « rien du tout » « un être à compléter, comme dans le banquet » (« Le banquet » de Platon d’où est issue la légende citée plus haut) , il nous avoue sans demi-mot que l’un sans l’autre nous ne sommes rien, nous avons besoin de notre moitié pour être complets.

Mais cette chanson nous avons aussi et c’est très personnel envie de la corréler au mouvement #MeToo (jeu de mot avec Mi-Tout) mouvement social encourageant la prise de parole des femmes sur les agressions diverses dont elles sont victimes.

Et de justement oser dire que l’homme n’est pas le danger systématique, qu’il ne faut jamais amalgamer et dans ce titre, comme tout au long de l’album Monsieur A nuance avec génie et décadence ce fait là.

C’est toujours très délicat d’oser chanter l’homme tel qu’il est, de se décrire, se chanter, s’avouer, avec toute la virilité d’un homme mais aussi toute ses sensibilités et avec cet album nous avons trouvé que Monsieur A le fait plutôt pas mal. Là où nous aurions effectivement pu penser que ce serait un album assez misogyne et machiste, nous avons retrouvé beaucoup de tendresse, d’affection, et surtout beaucoup de respect pour la Femme. Il a osé chanter la femme dans toutes ses splendeurs avec toute ses splendeurs à lui, c’est un album très réussi.

Mais Monsieur A ce n’est pas que des textes, il y a aussi des influences musicales diverses et variées qui nous ont beaucoup plu. Du latino, du jazz en passant par des sonorités électros plus modernes cet album est une explosion de musique, de saveurs et de jouissance auditives que nous ne pouvons que vous inviter à découvrir.

Nous ressentons un grand musicien dans l’âme qui utilise également sa voix comme principal instrument, et quel instrument !

Pour conclure nous osons dire que cette ode à la femme fût pour nous une ode à la joie.

Un homme qui raconte une histoire tout au long de son album, un homme qui se dévoile tantôt séducteur, tantôt blessé, tantôt sûr de lui, tantôt empreint au doute, un homme qui souhaite passer des messages, un homme qui veut véhiculer l’harmonie entre l’homme et la femme.

Un homme qui dit aussi qu’un homme ça peut être fragile, ça peut pleurer, ça peut douter, un homme c’est un être humain doté de sentiments divers et variés et que nous femmes, nous sommes Les Iseut de « Tristan et Iseut » Les Juliette de « Roméo et Juliette », les Marie Curie, Les Elsa Triolet, les Elle (d’Hiroshima mon amour)….

Les uns sans les autres nous ne sommes qu’à moitié.

« Il faut beaucoup de femmes pour réussir un homme » disait Daniel Pennac mais aujourd’hui nous osons rajouter qu’il faut beaucoup d’hommes pour réussir une femme.

Merci Monsieur A pour ce bel album.

Pour suivre Monsieur A c'est par là