Emmanuelle Mei, l'artiste que nous allons vous présenter aujourd'hui, est une autodidacte, à la fois autrice, compositrice et interprète de ses chansons, elle vous entraîne dans son univers pop, sensuel et légèrement féministe en maniant la langue de Molière avec une dextérité époustouflante.
Les racines d'Emmanuelle se situent en Normandie de part sa mère , quant à son père, il est chinois du Cambodge, pays qu'il a fuit à l'arrivée de Pol Pot au pouvoir.
Elle fait ses études de droit entre Angleterre , France et États Unis et devient avocate au barreau de New York et de Paris, et travaille actuellement en Allemagne en tant que juriste. C'est donc à Munich, où elle réside, qu'elle a enregistré son tout premier album
« Sans dessous » .
De son entourage familial lui viennent les influences pop françaises tels que Souchon, Cabrel et Goldman et plus tard elle parfait sa culture musicale en découvrant seule les grandes plumes de la chanson française que sont Georges Brassens ou Anne Sylvestre .
Ce savant mélange de cultures diverses ainsi que sa formation professionnelle vont façonner la musique d'Emmanuelle Mei et la conduire à vous proposer l'album que nous allons chroniquer aujourd'hui.
Emmanuelle Mei pose des mots de filles sur des maux de filles et ça fait du bien !
Elle dénonce quasi sans pudeur mais avec une intelligence remarquable, nos quotidiens marqués par la quête du prince charmant, les contes de fées (ou défaits), le plaisir, la liberté d'être et de vivre comme bon nous semble.
Avec cet album de 9 titres, elle égrène son univers aux couleurs de l'arc-en-ciel, résolument féministe et intimiste, à la manière de petites plaidoiries.
Et elle est intrépide Emmanuelle, car il faut du courage et de la poigne pour écrire, chanter et assumer des textes tels que par exemple "Encore Eût-il fallusse" où l'auteure assume et crie haut et fort que "le phallus ne faisait pas tout, ne faisait pas tout" où le retour du plaisir solitaire est de mise, et où le saphisme est peut-être la solution?
Nous nous garderons bien ici de donner un avis tranché, mais ce que nous pouvons déjà vous dire, c'est que ce texte est formidablement bien écrit, bien pensé.
Et en tant que femmes, nous ne pouvons qu'essayer de comprendre le propos, il est vrai que des déconvenues amoureuses tout le monde en a vécu ;) , et ce texte nous fait forcément beaucoup sourire. C'est osé, elle a osé et elle a bien fait d'oser !
Avec la chanson " Les princes charmants", Emmanuelle dissèque avec habileté nos histoires de contes de fées d'enfance, avec l'attente du prince charmant sur son beau cheval blanc, vous aussi vous avez l'image? Vous aussi vous y avez cru? (ou pas !).
Ici elle ramène l'histoire au présent avec la réalité de la vie, ce prince qui met du temps à arriver, qu'on cherche en vain (ou que l'on ne cherche pas/plus), ce prince qui ne sera peut-être pas celui d'une vie mais simplement d'une nuit, ce prince qui dans les contes ne laisse pas le temps à la princesse d'expérimenter ni de "prendre des amants"! Sacré prince charmant !
Mais cette chanson, ce n'est pas que ça, c'est aussi une réalité bien plus subtile, nous pensons à la phrase "à toutes celles qui n'ont pas eu le choix, qui ne savent pas ce qu'est l'émoi" où nous imaginons ici que l'autrice fait référence aux mariages forcés, aux femmes battues, aux viols, où le prince n'a plus rien de charmant, où la femme n'est plus qu'une poupée de chiffon à la merci d'un prédateur. Encore une fois nous interprétons les chansons avec nos âmes et nos cœurs mais ne détenons pas forcément la vérité. L'essentiel étant qu'une chanson parle....qu'on se l'approprie quelque en soit la façon.
Nous ne pouvons écrire cette chronique, sans vous parler du titre qui nous a fait découvrir Emmanuelle au mois d'octobre dernier: "Manifeste du sans dessous" titre résolument féministe et militant, faisant l'éloge du "no bra" où elle explique les raisons de ce choix, dans une chanson entrainante engagée et captivante.
A l'heure où bon nombre de femmes revendiquent le fait de ne plus porter de soutien-gorge afin de laisser respirer leurs poitrines, et de respirer tout court, car nul n'a jamais porté cet attirail, ne peut comprendre l'aliénation fastidieuse imposée par la mode, la bienséance, la société...nous sommes ici heureuses qu'une chanson ait vu le jour en ce sens.
Il y a aussi dans cet album, des titres beaucoup plus émouvants, moins coquins et plus sentimentaux.
Nous pensons à "La partition" une chanson au goût doux amer où Emmanuelle nous livre pudiquement cette fois-ci qu'elle a du mal à se remettre d'une rupture alors qu'elle a absolument tout aimé de cette relation. Elle exprime ici à cet ex toute sa reconnaissance, sa gratitude d'avoir partagé sa vie le temps d'une histoire.
Ou bien encore avec "Pour toi" où elle parle à son enfant pas encore né, où elle lui livre sans retenue toutes ses craintes, ses angoisses face au monde qui nous entoure, les guerres, la pollution par exemple. Mais elle parle aussi de ses craintes plus personnelles en tant que femme, le fait de ne plus avoir le temps pour dormir par exemple. La venue d'un enfant bouleverse la vie de la plus jolie des façon, nonobstant, il est légitime de s'inquiéter du grand chamboulement que cela va engendrer, il est normal de douter, d'avoir peur, de s'essouffler d'angoisses, de se programmer des inquiétudes. Ce texte est une preuve d'une grande clairvoyance !
Emmanuelle nous offre ici une chanson mélodieuse, tendre et magique.
Nous ne souhaitons pas vous dévoiler toutes les chansons de l'album car les écouter les unes après les autres vous offrira un instant de rire, de larmes, de sourires, de "soularmes", un moment d'authenticité de badineries mais surtout un réel épisode de bonheur !
C'est taquin, c'est militant parfois, c'est espiègle, c'est coquin, c'est impudique et pudique à la fois, mais c'est surtout un album terriblement bien pensé !
Nous souhaitons la bienvenue à Emmanuelle dans notre belle liste de coups de cœur musicaux.
Il y a dans ses textes quelque chose de touchant, d'émouvant, d'attendrissant sans être "gnangnan" , de troublant, de vibrant, de vivant, de captivant, d'éloquent, d'excitant, de féminin, de féministe, de politiquement incorrect, de combatif, d'actif.
Il y a de la sincérité, de l'authenticité, de la candeur, de la spontanéité, de la droiture, de la désinvolture, de l'impertinence dans la pertinence, du rigoureux, du précieux, du doux, du beau, du grand, du délicat, de la grâce, du moelleux, du délectable, de l'aimant, des amants, du joli, de l'exquis, du bienveillant, du caressant, du passionné, du velouté, du voluptueux.
Il y a dans les chansons d'Emmanuelle ce petit quelque chose en plus, cette petite touche qui a su nous emporter.
Nous espérons qu'à votre tour, vous serez transportés dans son univers.
Retrouvez son clip de "Sans Dessous" juste ici :
Et dès ce soir ne manquez pas la sortie de son tout dernier clip "La Grande Nageuse"
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